Téléphone: +41 26 429 62 46
Bureau: 5.19
2021
Audrey Linder, Thomas Jammet, Krzysztof Skuza
Sciences sociales et santé, 2021 , vol. 39, no 1, pp. 75-100
Lien vers la publication
Résumé:
Les reconfigurations actuelles de la clinique de l’autisme, caractérisées par l’injonction au diagnostic précoce, la promotion des tests standardisés comme supports de la procédure diagnostique et l’apparition concomitante de centres spécialisés en autisme, transforment les pratiques des services de pédopsychiatrie. En étudiant le cas de la Suisse romande, nous interrogeons dans un premier temps la façon dont les outils d’évaluation standardisés sont l’objet d’une intégration contextuelle dans les différents cantons, qui les éloigne parfois de leur but initial, en fonction notamment de la présence ou non d’un centre spécialisé. Dans un deuxième temps, nous décrivons comment l’injonction à la précocité du diagnostic accroît l’incertitude avec laquelle les cliniciens doivent travailler, et tend à inscrire le dépistage de l’autisme dans une logique de gestion du risque et de normalisation de l’enfance. Enfin, nous questionnons l’articulation du diagnostic et de la prise en charge, dans le contexte d’une valorisation des thérapies précoces et intensives qui, à ce jour, sont insuffisamment implantées pour répondre à l’augmentation du nombre de cas diagnostiqués.
2019
Linder Audrey, Jammet Thomas, Skuza Krzysztof
Revue française des affaires sociales, 2019, no. 1, pp. 75-90
Cet article s’intéresse à la place des parents dans la prise en charge des enfants souffrant d’un trouble du spectre de l’autisme (TSA), en comparant les revendications des associations et les modalités d’accompagnement proposées par les professionnels de deux types de services pédopsychiatriques en Suisse romande. Il montre que le modèle de l’éducation parentale, plébiscité par les associations dans le contexte de thérapies comportementales, engendre un enrôlement institutionnel des parents, sous-tendu par un enjeu de réduction des dépenses publiques. L’obtention d’un statut informel de cothérapeute, fondé sur l’application à domicile de techniques comportementales enseignées par les professionnels, entraîne pour ces parents une responsabilité importante et l’implication qui est attendue de leur part nécessite des ressources et des dispositions que toutes les familles ne possèdent pas. L’article interroge, ce faisant, les conditions d’un partenariat thérapeutique dans le cadre de la prise en charge de troubles chroniques dès la petite enfance et ouvre un questionnement relatif à la professionnalisation des proches aidants.
Jammet Thomas, Linder Audrey, Skuza Krzysztof
SociologieS, Mis en ligne le 27 février 2019
Fondé sur des observations au sein d’un service de pédopsychiatrie, l’article s’intéresse au travail d’une équipe multidisciplinaire chargée de l’évaluation de jeunes enfants pour lesquels un trouble du spectre de l’autisme (TSA) est suspecté. Adoptant une perspective d’analyse énonciative et catégorielle, il donne à voir d’une part le fonctionnement collégial de cette équipe, fondé sur la mise en équivalence des expertises professionnelles, contrastant ainsi avec de nombreux travaux qui insistent sur la domination de l’expertise médicale dans le travail en équipe en psychiatrie. D’autre part, il révèle la contingence du diagnostic de TSA, qui apparaît partiellement conditionné par l’offre de prise en charge existante.
Thomas Jammet, Diletta Guidi
TANGRAM, 2019 , no 43, pp. 99-102
À la fin du mois de mars 2019, dans un contexte de recrudescence des attentats terroristes à travers le monde, Facebook annonce sa volonté de lutter plus efficacement contre les contenus racistes qui circulent sur sa plateforme. Quelques semaines plus tard, l’entreprise américaine procède à la fermeture de plusieurs comptes jugés « complotistes », notamment aux États-Unis, en Angleterre et en France. Cette action, qui résulte de la pression croissante exercée sur le géant du web 2.0 par la société civile et les gouvernements, met en lumière le phénomène de prolifération des discours haineux sur la Toile, que le fonctionnement d’Internet et ses pratiques de partage contribuent à généraliser.
Thomas Jammet
Terrains & Travaux, 2019 , vol. 1, no 34, pp. 137-161
Dans une perspective interactionniste inspirée des travaux d’Erving Goffman, cet article décrit le travail d’intermédiation des administrateurs de pages Facebook et comptes Twitter de grandes entreprises de services (community managers). Il s’intéresse en particulier aux compétences interactionnelles et langagières mises en œuvre par ces professionnels pour apaiser les clients mécontents avant de réorienter leurs requêtes auprès des salariés chargés de leur traitement au sein des organisations. Partant du constat d’un phénomène de contournement des canaux usuels de la relation client (customer relationship management, abrégé CRM) au profit des plateformes du Web social, l’article restitue la contribution des community managers au processus de rationalisation d’une relation client numérisée, qualifiée de Social CRM. L’analyse s’inscrit, ce faisant, dans le sillage des travaux sociologiques qui questionnent le rôle grandissant de la technologie numérique dans la relation de service.
2018
Communication & Organisation, 2018 , vol. 2, no 54, pp. 93-105
L’article décrit la manière dont cohabitent deux formes d’utilisation des plateformes du web social par les organisations. Alors que les espaces de marque sur Facebook et Twitter sont considérés dans un premier temps comme des espaces possédés (owned media) fournissant aux organisations une exposition « gagnée » (earned) grâce aux actions des internautes, la mue algorithmique amorcée par les plateformes entraîne la nécessité de recourir toujours plus à des formats de publication payants (paid). En conséquence, la présence stratégique inspirée des relations publiques cède le pas à une démarche tactique relevant de la publicité et du marketing direct, qui soulève des questions éthiques relatives à l’exploitation des données des internautes.
Réseaux, 2018 , vol. 6, no 212, pp. 149-178
Prenant pour point de départ l’activité d’animation d’espaces de marque sur le web 2.0 (community management), cet article décrit, dans une perspective de sociologie des usages, la manière dont l’évolution des plateformes numériques – Facebook en tête – favorise de la part des organisations qui les utilisent une communication promotionnelle guidée par des impératifs de performance marchande. En restituant la pluralité de contraintes interactionnelles, organisationnelles et techniques qui pèsent sur le travail des community managers, l’analyse met en lumière quelques-unes des principales difficultés auxquelles se heurtent les nouvelles formes d’intermédiation ouvertes par les plateformes du web dit social, et interroge la dépendance d’un nombre croissant d’organisations à l’égard de Facebook.
2017
Sociologies pratiques, 2017 , vol. 1, no 34, pp. 61-71
La présence des entreprises sur les plateformes du web social (web 2.0) connaît un développement considérable depuis le tournant des années 2010. Cet article décrit le travail d'intermédiation des salariés chargés d'administrer ces nouveaux espaces promotionnels interactifs, confrontés à un afflux massif de requêtes de la part des internautes, et soumis à une forte pression temporelle. Il révèle que l'activité de community management, conçue comme une innovation organisationnelle destinée à renforcer la proximité des entreprises à leurs clients connectés, nécessite d'être davantage régulée pour pouvoir s'inscrire durablement dans les stratégies de communication et de gestion de la relation client articulées sur la technologie numérique.
Krzysztof Skuza, Thomas Jammet, Audrey Linder
PSN, 2017 , vol. 15, no 4, pp. 7-34
2015
Réseaux, 2015 , vol. 2-3, no 190-191, pp. 73-98
Avec l’essor des plateformes conversationnelles du web social, l’animation de « communautés en ligne » s’est vue conférer une importance stratégique pour les entreprises et les marques. L’administration de ces nouveaux espaces de communication promotionnelle a conduit à l’émergence de l’activité de community management. Cet article analyse de quelle manière les acteurs de cette fonction émergente cherchent à faire reconnaître leur travail d’intermédiation au fil des échanges avec leurs clients, et fait voir une tension centrale autour de la mesure chiffrée du résultat de l’activité. Les efforts des community managers pour imposer des conventions d’évaluation répondant à leur représentation du web social sont étudiés dans une perspective pragmatique d’intermédiation marchande, au moyen d’une enquête ethnographique conduite pendant plus de deux ans au sein d’une agence conseil en communication.
Réalisations