Description du projet :
L'objectif Suisse d'atteindre la neutralité carbone à l'horizon 2050 va impacter très fortement le secteur de la construction. Pour atteindre la neutralité il est impératif de réduire au plus les émissions mais aussi de maintenir et même d'augmenter l'effet de puits de nos ressources naturelles. Ce mécanisme est effectif si le carbone séquestré est stocké pendant une longue période, voire de manière permanente. Notamment, l'utilisation des matériaux d'origine végétale, dont la croissance a une capacité de séquestration du carbone biogénique, va permettre de stocker le carbone sur la durée de vie des éléments de construction intégrés aux bâtiments. Cependant, l'état des recherche actuelles ne permet pas de définir un objectif cible de stockage de carbone biogénique dans le secteur de la construction en Suisse, tout comme il ne permet pas d'évaluer ce que seraient capables d'approvisionner les filières locales ou encore les stratégies de fin de vie de ces matériaux.
Le projet BioLoop intègre plusieurs méthodes de recherche pour répondre à ces enjeux. Les matériaux biosourcés à haut potentiel sont identifiés et évalués selon une liste de critères. Trois scénarios constructifs sont ensuite établis à l'échelle du bâtiment sur quatre cas d'études représentatifs du parc bâti suisse : un standard basé sur les pratiques constructives et matériaux conventionnels, un réaliste privilégiant des pratiques constructives actuelles mais cherchant à utiliser des matériaux biosourcés, et un engagé utilisant des matériaux biosourcés à fort potentiel de stockage de carbone et s'écartant des pratiques constructives usuelles. Une analyse de cycle de vie est appliquée aux cas d'études et scénarios en intégrant des méthodes dynamiques pour l'évaluation du stockage de carbone biogénique. De plus, une modélisation de l'évolution du parc bâti Suisse permet d'étudier l'impact d'une mise en 'uvre engagée des biosourcés à l'échelle nationale et de tirer des conclusions sur le potentiel de cette stratégie pour atteindre les objectifs net-zéro de la Suisse. Pour finir, des entretiens avec des professionnels du secteur ont aussi été effectués pour mieux comprendre les freins d'une mise en 'uvre engagée des biosourcés dans les constructions.
Les résultats montrent que l'utilisation accrue de matériaux biosourcés à l'échelle du bâtiment peut réduire les émissions grises jusqu'à 40% pour les nouvelles constructions et 20% pour les rénovations. De plus, le stockage de carbone biogénique peut être multiplié par 25 par rapport aux pratiques actuelles. Dans les scénarios engagés, les bâtiments pourraient même dépasser les objectifs des technologies d'émissions négatives (NET) de la stratégie nationale. Les éléments de construction avec le plus de potentiel de réduction des émissions et de stockage du carbone sont les matériaux isolants pour les façades et les éléments structurels pour les dalles internes, notamment avec du bois (structure) ou de la paille (isolant). Au niveau du parc immobilier, les rénovations et remplacements ont un impact croissant sur les émissions grises. D'ici 2050, le taux de rénovation, de démolition et la décarbonisation des matériaux seront déterminants pour l'évolution des émissions GES et du stockage biogénique. Les scénarios engagés et optimistes de constructions et rénovations biosourcées peuvent réduire les émissions GES annuelles de 20% en 2050. Le carbone biogénique stocké pourrait correspondre au niveau annuel des émissions de construction en 2050 et atteindre une quantité cumulée au cours de la période analysée égale aux projections NET de la stratégie climatique Suisse. En prolongeant les hypothèses d'évolution du parc au-delà de 2050, le cumul des émissions GES et de stockage potentiel de carbone biogénique continuent à augmenter principalement en raison des activités de remplacement si l'on considère une stabilisation de la population vers 2100. Le potentiel de stockage de carbone biogénique annuel tend vers zéro, sur le trè
Equipe de recherche au sein de la HES-SO:
Rinquet Lionel
, Trevisani Sandro
, Cardinale Luca
, Jusselme Thomas
, Delmenico Sarah
, Priore Yasmine
, Schulthess Lucile
, Maillard Philippe
, Batra Zuhaib
Partenaires académiques: hepia inPACT; FR - EIA - Institut ENERGY
Durée du projet:
01.01.2023 - 31.12.2024
Montant global du projet: 220'000 CHF
Statut: En cours