Summary:
Objet sociologique refoulé par excellence, les classes populaires n’ont aujourd’hui plus la cote. En cherchant à redécouvrir, par une attention clinique portée aux nuances de la vie quotidienne caractéristique de tout un ensemble de gens de conditions modestes interviewés, cette enquête – fruit d’un travail collectif de terrain de plus de deux ans – entend contribuer à redécouvrir un objet sociologique tombé en désuétude depuis une vingtaine d’années. Proche de la démarche pionnière engagée par Richard Hoggart, il livre d’abord de façon « vivante » et « incarnée » sous forme de portraits sociologiques une description dense de la condition sociale et de la culture des classes populaires contemporaines. Puis, l’étude se penche sur l’analyse de différentes dimensions clés de leur existence (rapport à la famille, à l’autorité et au style éducatif, à l’école, à l’alimentation et de genre). La condition sociale et les propriétés culturelles collectives de ce groupe social s’y trouvent envisagés et pensés comme soumis à une dynamique sociohistorique de déprolétarisation puis de reprécarisation.
L’« habitus clivé » caractéristique de la condition populaire contemporaine apparaît au final à travers bien des métamorphoses subies et un long processus de déracinement culturel, comme un destin d’une classe ayant perdu les repères d’une conscience et d’une identité collectives dans un contexte de vie sociale où le décloisonnement des formes de vie privée doit faire face à l’émergence de nouvelles distinctions.