Résumé:
Sa fascination pour le thème de l'innocence bafouée associé au mythe de l'enfance a bien souvent guidé la plume de Benjamin Britten, compositeur anglais dont nous fêtons le centenaire en 2013.
The Turn of the Screw (1954), opéra de chambre d'après la nouvelle de Henry James (1898), en est un parfait exemple puisqu'il y est question de la mort d'un jeune garçon, détruit par le désir de possession des adultes.
Durant cette semaine, nous vous proposons de découvrir cette œuvre bouleversante en nous focalisant principalement sur la partition dévolue aux rôles d'enfants. Au fil des comptines, des berceuses et des chansons d'apprentissage interprétées par Miles et la petite Flora, nous apprécierons la subtilité avec laquelle Britten et sa librettiste Myfanwy Piper traduisent musicalement l'évolution psychologique et cognitive des bambins. Conformément à la métaphore du resserrement de l'écrou, l'idée de progression est au cœur du drame: alors que le jeune Miles grandit et que son désir naturel d'émancipation s'exprime, la Gouvernante est aveuglée par un désir de protection naïf et nocif, décuplant ainsi le désir malsain d'un ancien majordome revenu de l'au-delà.
Nous tenterons de guider l'auditeur dans ces jeux de miroirs, dans ce labyrinthe de non-dits et de propos ambigus, directement inspirés des stratégies d'écriture de Henry James et sublimées par Britten et Myfanwy. Grâce à sa sensibilité et à ses talents de dramaturge, le compositeur traite avec une remarquable modernité la question du mal-être d'un adolescent et du pouvoir parfois destructeur des adultes sur les enfants, sans jamais tomber dans l'opposition simpliste entre le bien et le mal, entre la victime et le bourreau mais en faisant participer activement les bambins au mécanisme infernal qui provoquera leur perte.
Une série de cinq émissions proposée par Marie Chabbey, au micro de Jean-Luc Rieder
Réalisation Bruno Séribat
Assistance de production Isabelle Watson