Résumé:
Les professionnels sont concernés par la problématique de santé publique « pleurs des nourrissons », un des motifs de consultation, fréquent la première année de l’enfant. La transition à la naissance présente certains défis pour la nouvelle famille même si une certaine idéalisation sociétale persiste (Meleis, 2010, Meleis, Sawyer, Im, Schumacher, & Messias, 2000). Les pleurs des nourrissons sont cités comme un des trois premiers incidents critiques ou stressants pour les familles occasionnant une anxiété (de Montigny & Lacharité, 2002; Dunning & Giallo, 2012; Kurth et al., 2010). Ils représentent un facteur de risque de l’épuisement parental et un élément déclencheur du syndrome du bébé secoué (Barr et al., 2009; Radesky et al., 2013). Les intervenants en santé se sentent démunis et insuffisamment formés sur la prévention et le soutien en contexte de pleurs (Coulon & Baillod, 2012, 2013). Les interventions précoces des professionnels de santé peuvent permettre de prévenir l’épuisement, la négligence et le traumatisme crânien infligé par secouement (Altman et al., 2011; Shaw Levitt, Wong, & Kaczorowski, 2006). Quelques écrits abordent la nécessité d’une formation professionnelle appropriée sur le syndrome du bébé secoué, ses caractéristiques et ses conséquences pour maximiser l’impact de programmes préventifs pour les parents (Foley et al., 2013). Plusieurs programmes s’adressent aux infirmières en maternité. Les pratiques d’aide soutenant les parents dans le contexte particulier des pleurs sont peu étudiées en Europe. Les pratiques périnatales préventives restent souvent axées sur les déficits. La pertinence d’une approche en soins centrés sur la famille renforçant le sentiment d’efficacité parentale émerge de la littérature.
Le soutien professionnel peut renforcer les facteurs de protection et permettre l’adaptation. La satisfaction du soutien social, la qualité de la relation conjugale et la dimension affective des besoins de soutien peuvent moduler l’anxiété parentale (Capponi, Bacro, & Boudoukha, 2013). La thèse a pour objectifs de développer, évaluer le processus et l’implantation d’une formation réflexive participative auprès de professionnels de santé. Le programme de formation réflexive consiste avec des professionnels au contact de parents d’un enfant âgé entre 0 et 1 an, à questionner la pratique à partir des expériences de chacun des acteurs, points de départ de la problématique en vue d’un accompagnement préventif adapté aux familles confrontées aux pleurs de leur enfant. Le cadre théorique repose sur le modèle de pratique réflexive et sur le modèle écosystémique de pratique participative renforçant les forces des familles. L’utilisation d’une méthode mixte permet de décrire le processus du développement du programme et d’évaluer l’impact sur les croyances et sur la pratique des professionnels au niveau des compétences et des connaissances. L’analyse des résultats démontre l’impact de la formation réflexive participative au niveau de l’implication et de la créativité des professionnels dans l’approche des pleurs avec les familles pour prévenir le SBS et une évolution vers des pratiques systémiques participatives avec un développement de compétences relationnelles, participatives et réflexives. La recherche offre des perspectives pour promouvoir la santé de l’enfant et de la famille autour des pleurs des nourrissons en se centrant sur les forces et les facteurs de protection. Elle concoure à l’amélioration de la qualité des soins et bénéficie tant aux familles qu’aux professionnels.