Summary:
Disciple de César Franck, Charles Bordes (1863-1909) a tracé son parcours de musicien en marge du Conservatoire et des institutions officielles. De son intégration à la « bande à Franck » jusqu’à la fondation des Chanteurs de Saint-Gervais et de la Schola cantorum, il a tissé un vaste réseau relationnel formé de compositeurs, d’interprètes, d’écrivains et de mélomanes, qui l’ont, par la suite, décrit comme un fervent artisan du renouveau musical français. Cette image a, en contrepartie, partiellement occulté l’œuvre de compositeur de Bordes. Ses mélodies présentent pourtant un remarquable intérêt. L’histoire de leur publication permet de mettre en évidence la complexité des relations avec le monde de l’édition à la fin du xixe siècle et la nature du travail de révision posthume effectué par son ami Pierre de Bréville. L’analyse du corpus témoigne de l’originalité de la production, aussi bien sur le plan des choix littéraires – Bordes fut l’un des pionniers de la mise en musique des poèmes de Paul Verlaine et de Francis Jammes – que d’une écriture musicale inspirée et aux frontières de l’académisme sur le plan harmonique. Auteur de plus de trente-cinq mélodies avec piano, Bordes s’essaya également à la composition de mélodies orchestrées et symphoniques, comme nombre de ses contemporains au tournant du siècle.