Zusammenfassung:
Vieillir en montagne à plus de 80 ans comporte des enjeux spécifiques, notamment au regard du territoire. En adoptant une perspective féministe matérialiste, cet article propose de répondre à la question suivante : Comment les personnes âgées vivant seules en montagne (re)composent-elles leur rapport au corps, sous l’angle de l’hégémonie de genre ? En nous appuyant sur des entretiens menés avec des personnes âgées dans le cadre d’une recherche financée par le Fonds national suisse de la recherche scientifique (FNS), nous analysons l’articulation entre territoire et corps vieillissants, en tant qu’homme et en tant que femme. Mobilisant quelques dimensions de la vie quotidienne des « vieilles » et des « vieux », l’article met en lumière un investissement différencié du territoire en fonction du genre, révélant des formes de masculinité subalterne et de féminité contestataire. De plus, il montre que grand âge et territoire montagnard tendent à brouiller les codes de genre, induisant une « virilisation » des femmes et une « féminisation » des hommes âgé·es vivant seul·es. Finalement, il souligne l’importance de la prise en considération de l’expérience des personnes très âgées dans la réponse aux enjeux liés à la transformation démographique de l’espace montagnard.